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voyages en égypte,


vue ils reculèrent sur-le-champ, et s’enfuirent sur la colline. Elle les poursuivit ; mais comme ils se mêlèrent à la foule qui était assise sur le sable pour travailler, elle ne put les reconnaître. Tous les habit ans avaient en effet le même teint couleur de chocolat, et étaient également déguenillés.

Le soir, quand je voulus payer les ouvriers, le frère cadet du cacheff prétendit qu’il fallait d’abord mettre tout l’argent en un tas, avant de le partager. Mon interprète, qui était aussi mon trésorier, compta par conséquent toute la somme sur un morceau de vieux schall ; mais à peine eut-il fini, que le jeune prince se jeta sur l’argent, et s’empara de tout. Les habitans se regardèrent l’un l’autre ; mais personne n’osait dire un mot pour se plaindre ; et le jeune cacheff emporta toute la monnaie. Je lui fis observer qu’il était encore plus habile magicien que moi, et que les trésors lui arrivaient bien plus facilement. Cet événement me prouva, au reste, que les habitans du pays commençaient à apprécier la valeur de la monnaie.

Je dus m’attendre à n’avoir personne le lendemain matin ; aussi je fus surpris de voir venir les ouvriers comme de coutume. Une assez grande partie de la butte ayant déjà été déblayée,