Page:Belzoni - Voyages en Égypte et en Nubie, 1821, tome 1.djvu/261

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serpent sans dents, qu’il mettait dans son sein, à la grande frayeur du cacheff. Je pris le reptile dans mes mains, et lui ouvris la bouche, sans rien dire ; le jongleur vit que je connaissais son secret. Nous entrâmes ensuite dans une chambre obscure pour le voir opérer un miracle. Après avoir récité une prière qui dura quelques minutes, le magicien étendit la main vers un coin de la chambre, et aussitôt on y vit paraître un scorpion. Tous les assistans furent émerveillés. Quant à moi, ayant observé avec beaucoup d’attention tous ses mouvemens, j’avais épié le tour qu’il jouait ; il avait le scorpion dans la grande manche de son vêtement, et tout son art se réduisait à l’en faire sortir sans que personne s’en aperçût. Il nous laissa visiter toutes les chambres du voisinage pour nous faire voir qu’il n’y avait pas de compère, et y renouvela son tour. Le fils de ce santon se mêlait aussi de miracles, mais il n’avait pas encore acquis l’adresse de son père. Le cacheff avait une foi robuste dans le pouvoir surnaturel de ces jongleurs. Il me raconta avec l’air d’une persuasion intime, que les gens de cette caste, soumis au roi des montagnes de Cassara, avaient la faculté d’apaiser, en une minute, une tempête sur mer ; qu’un santon faisait disparaître en un instant une brèche faite par un boulet de ca-