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voyages en égypte,


j’appris bientôt pourquoi l’homme si laid nous boudait avec tant d’opiniâtreté ; c’est qu’il avait reconnu dans mon guide un de ceux qui avaient attaqué quelque temps auparavant une partie de sa tribu auprès de l’Elloah méridional, et qui avaient failli tuer notre solitaire. Son compagnon raconta cela en arabe au hadgi maure, et celui-ci me le répéta. Je le dis à mon guide ; il regarda le solitaire, et le reconnut aussitôt. Il s’avança vers lui, et lui parla d’une manière amicale : mais il ne put réussir à dissiper la sombre humeur du paysan.

Je lui fis demander par le Maure combien de monde il y avait dans l’Elloah ; il répondit qu’il y en avait beaucoup, mais il refusa d’en désigner le nombre. Je pensai qu’ils n’étaient que peu ; mais qu’en nous faisant croire qu’il y en avait beaucoup, il voulait nous éloigner. Toutefois je fus d’avis qu’il fallait veiller cette nuit très-attentivement. Le paysan laid s’évada furtivement ; nous ne nous en aperçûmes qu’une demi-heure après, lorsqu’il faisait déjà nuit. Je remarquai beaucoup d’inquiétude chez notre guide, quoiqu’il cherchât à la cacher devant tout le monde. Quelque temps après, l’autre habitant, sous prétexte de puiser de l’eau, partit aussi, en sorte que nous fûmes abandonnés à