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voyages en égypte,


un siége. L’aga sortit, et les femmes se tinrent debout autour de moi, pendant que le beau-frère de l’aga me faisait du café et me préparait une pipe, mais sans permettre aux femmes d’y toucher. Il n’osait leur confier la moindre chose, sachant qu’elles lui joueraient mille tours dès qu’il aurait tourné le dos. Il paraissait se piquer de montrer un grand usage du monde, en réprimant la curiosité indiscrète des femmes, quand elles voulaient examiner mon costume avec trop d’importunité. Je fis signe aux femmes de s’asseoir, et j’invitai la sœur de l’aga à prendre du café avec moi ; mais le beau-frère les traita toutes très-rudement, et me fit entendre que le café était trop bon pour elles, et qu’elles n’avaient qu’à boire de l’eau. Quand j’eus fini, il alla serrer la cafetière. J’avais déjà vécu assez avec les femmes d’Égypte, pour m’habituer à fumer, et j’achevai assez lestement ma demi-pipe. Après avoir fumé quelque temps, je déposai la pipe auprès de moi. Une des femmes la prit et commença à fumer ; mais en voyant une profanation aussi horrible, le beau-frère lui arracha la pipe, et il aurait battu la femme si je ne m’y étais opposée. Il alla serrer ensuite la pipe aussi soigneusement que la cafetière.

J’étais choquée, je l’avoue, de la distinction