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voyages en égypte,


il refusa de partir, prétendant qu’en passant auprès des tentes dans les campagnes, nous risquerions d’être assaillis par leurs chiens. Voyant que je n’obtiendrais rien de lui, je pris patience, et ce ne fut qu’avec peine que je le fis partir le matin une heure avant la pointe du jour. Je n’ai jamais souffert en Égypte ou en Nubie une chaleur aussi accablante que pendant cette journée.

Je fus témoin en passant de plusieurs usages des Arabes campés sous des tentes. Dès le point du jour, ils étaient tous activement occupés à faire du fromage, du lait aigre et de la gista ou crème caillée ; les femmes faisaient du beurre dans des peaux de chèvres suspendues entre trois bâtons et balancées sans relâche. Quelques uns des Arabes que nous rencontrâmes avaient un air sauvage, qui effraya non-seulement mon pauvre mokaro, mais qui m’ôta à moi-même, je l’avoue, un peu de mon courage.

Dans la soirée nous arrivâmes au plus misérable village turc où j’aie jamais passé. Je ne voulus pas aller chez le cheik comme c’est l’usage, parce que je prévoyais que mon mokaro lui dirait qui j’étais. Nous nous rendîmes donc à un enclos appartenant à quelques paysans, les plus indigens du pays. Après la nuit et la journée