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voyages en égypte,


l’édifice dans un endroit d’un aspect sauvage ; et, quoique je lui demandasse où nous allions, il ne répondit point et me fit signe de ne point parler ; à mon regret je vis bientôt que nous étions auprès du couvent arménien. J’avais laissé à la porte le pauvre enfant qui ne savait pas ce que j’étais devenue. Un quart d’heure après mon retour il revint dans notre quartier, criant, se frappant et disant que j’étais perdue, et qu’après m’avoir attendu quelque temps à la porte, il avait couru partout pour me chercher, mais qu’il ne m’avait trouvée nulle part.

Ce ne fut pas tout : à mon retour les charpentiers et d’autres ouvriers avec leurs femmes disputèrent entre eux, et se reprochèrent mutuellement de m’avoir fait entrer en secret pour avoir seuls mon bakchis. Pendant que cette querelle avait lieu dans la cour, j’étais tranquillement dans ma chambre sans me douter que j’en fusse le sujet. Le padre curato, Espagnol de naissance, ayant pris connaissance de la rixe, vint me trouver dans ma chambre ; ses premiers mots furent : « Est-il vrai, signora, que vous avez été dans le temple ? » Je compris que le pauvre religieux craignait que les Turcs n’en fussent informés, et n’imposassent au couvent une somme d’argent comme ils ont l’habitude de faire sous