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GRANDGOUJON

ter, après le dîner, voir un lot de chemises que Madame venait d’acheter pour de petits réfugiés.

— Oh ! Madame des Sablons est trop aimable, répondit d’une voix machinale Madame Grandgoujon.

Mais son fils grogna :

— Tu ne vas pas y aller, ce soir que je suis là.

— C’est vrai, balbutia Madame Grandgoujon. Mademoiselle, dites à Madame des Sablons que mon pauvre fils arrive du front, bien éprouvé.

— Ce n’est pas que je sois blessé, reprit Grandgoujon, mais j’ai besoin de repos.

Et à ses explications, Madame Grandgoujon mêla compliments, regrets, excuses, puis reconduisit à la porte, du même coup, avec mille gentillesses, la bonne du dessus, la concierge d’en bas, et Madame Creveau qui n’attendait qu’une occasion de se défiler.

Mariette, devenue dévouée, alla chercher les pantoufles de Monsieur. Grandgoujon, seul avec sa mère, en profita pour lui déclarer, à la hâte, en roulant des yeux d’ogre, et en montrant le plafond :

— Tu sais… c’est une grue !

— Qu’est-ce que tu dis ?

— Moquerard m’a mis au courant…

— De quoi ?

— Tu le connais, lui : il n’y a pas été par quatre chemins… Eh bien, elle a marché !

— Oh !… Oh ! dit Madame Grandgoujon, je ne peux pas croire ça !

Elle rougit.