Page:Benjamin - Grandgoujon, 1919.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
223
GRANDGOUJON

Grandgoujon s’épanouit :

— Des notes sur moi ?

— Des honoraires… Qu’avait-il été diagnostiqué, Monsieur ? Rappelez-moi, dit le jeune médecin.

— Docteur… il paraît que je suis aérophage.

— Aéro… Voulez-vous vous déshabiller ?

— Volontiers, dit Grandgoujon. Quand il s’agit d’habits militaires…

Mais le jeune médecin n’eut pas l’air d’entendre. Alors Grandgoujon voulut se rattraper.

— L’homme qui parle ainsi devant vous, docteur, était pourtant l’armée de l’am… l’ami de l’armée…

Il s’embrouillait.

— Étendez-vous sur le sopha, dit le jeune médecin, qui commença de le palper.

Ils étaient tous deux sérieux, l’un par métier, l’autre par appréhension. Enfin, le médecin prononça :

— Je ne crois pas du tout que vous soyez aérophage.

— Diable ! dit Grandgoujon, se dressant.

Son ton marquait la crainte d’un état plus funeste.

— On a prétendu que vous avaliez trop d’air ?

— Oui.

— Vous n’en avalez plus assez.

— Diable ! répéta Grandoujon.

Et aussitôt il hasarda :

— Pourtant, docteur… je suis ballonné.

— Du ventre. Mais moi je suis spécialisé dans