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DEUXIÈME PARTIE



Le lendemain, dès l’heure où les pauvres de Paris s’éveillent, Grandgoujon se leva et partit. Ce départ lui fit l’effet d’un événement. Il avait été moins ému de l’entrée en guerre des Italiens ou des Roumains. Il se mêlait à la lutte. Jamais il n’avait cru avec tant de force au Droit des Alliés. Il se sentit prêt à des sacrifices. — Puis, la maison dormait : premier effort de partir seul, dans le jour naissant. Pourtant, au bas de l’escalier, il trouva Monsieur Punais. Comment, si tôt ? Et ce dernier était en tenue kaki, vaguement anglo-belge, avec des étoiles sur les revers du col.

— Oui, expliqua-t-il à Grandgoujon en faisant chanter ses phrases, je pars pour une conférence ; alors je préfère un uniforme, surtout dans le Midi. Au revoir, cher Monsieur et ami. Bonne chance, surtout !

Grandgoujon, pressé, approuva sans une idée de derrière la tête. Il était respectueux ce matin--