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LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

— Monsieur, reprit le capitaine, je ne pense que du bien ; voici l’adresse de l’Intelligence anglaise, où l’on vous donnera votre programme ; et tout ira le mieux du monde.

— Mon capitaine, fit Barbet, j’espère justifier votre confiance. C’est moi qui, il y a cinq ans, ai soulevé l’affaire de la fabrication du diamant, à laquelle, vous vous en souvenez, un ministre a été mêlé…

— Monsieur, dit le capitaine, je suis doublement heureux. Je vous présente mes hommages.

— Mon capitaine, croyez-moi tout à vous… C’est encore moi qui, trois semaines avant la guerre, ai visité les forts de l’Est…

— Tout à fait honoré, fit le capitaine.

Il lui prit la main, salua, puis s’éloigna.

Barbet dans un gloussement ravala la fin de sa période. Il regarda l’autre s’enfuir ; et il lui avait trouvé si bon air qu’il attribua cette brusquerie a de l’étrangeté ; puis, ne pensant qu’à la chance qui lui était échue, ragaillardi, ne sentant plus la fatigue, se moquant même de son chapeau (qu’est-ce que c’est, un chapeau !) il héla un taxi et donna son adresse.

Dans la voiture, il prépara deux ou trois phrases à dire à sa femme, dont il prévoyait