Page:Benjamin - Le Major Pipe et son père, 1918.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
57
LE MAJOR PIPE ET SON PÈRE

Mais tout de suite il entamait un sujet nouveau.

— C’est étonnant ces troupes innombrables d’hommes, qui tous ont compris le devoir national… Ce qui domine sur terre, c’est l’inconscience : elle mène la plupart des troupeaux humains… Alors ? La race britannique est donc privilégiée ?

James Pipe ne savait que répondre : mais tandis que l’auto roulait, il expliqua :

— En 1914, Mongsieur Bâbette, j’ai commencé avec le recrutement… je cherche le mot… personnel… Très intéressant. Dans mes campagnes, je allais trouver les hommes ; je expliquais ; ils comprennent, et, à Noël, je avais… je cherche le mot… c’est cela… je avais tout seul récolté pour Angleterre, quatre mille loyaux et braves garçons.

— Quatre mille ! dit Barbet. Quatre bataillons !

Oui, et James Pipe s’était mis à la tête du premier. Et il avait ainsi commandé à ses gens de maison, à ses fermiers, à son garde-chasse, comme ces seigneurs qui partaient pour la guerre suivis des paysans de leurs terres. Modestement, il constata qu’il les aimait autant qu’il était aimé d’eux, et comme Barbet remarquait :