Page:Benjamin - Le Pacha, paru dans Les Annales politiques et littéraires, 3 et 10 août 1924.djvu/62

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mère) Maman, laisse-moi passer, laisse-moi passer !

Mme Hamelin. — Qu’est-ce qu’il y a ? Ça ne va pas ?

Pierre. — Si, si, ça va !

Mme Hamelin — Oh ! ne te mets pas dans le feu… mon chéri, avec une névralgie ! (Elle le change de fauteuil, lui fait allonger les jambes et l’installe devant une petite table.) Voilà déjà une tasse de tilleul. Marinette veut à toute force te faire du thé. J’ai prétendu que le thé t’énerverait et je t’apporte du tilleul.

Pierre. — Parfait ! je prendrai du tilleul.

Marinette, entrant avec une seconde tasse. — N’est-ce pas, Pierre, que tu as demandé du thé ?

Pierre. — Comment donc !

Marinette, Maman a voulu te faire du tilleul. C’est trop doux pour une névralgie.

Pierre. — Parfait ! Je prendrai du thé.

Ensemble, se disputant à qui versera son infusion.

Marinette. — Non, maman, je vous assure !

Mme Hamelin. — Je sais mieux, que vous ce qu’il lui faut !

Pierre, très doucement, les arrêtant. — Je vais mélanger les deux.

Il fait des transvidages.

Marinette, riant. — À la bonne heure ! Et nous n’avons plus qu’à nous réconcilier !

Mme Hamelin. — Gamine !… Je n’étais pas fâchée !

Marinette. — Hum !

Mme Hamelin. — Pour le thé ?

Marinette. — Non ; pour ma conduite… générale.

Mme Hamelin. — Oh ! puisqu’on s’est expliqué… Moi, j’aime mieux une bonne scène ; on va jusqu’au bout de sa colère, et on est tout surpris, à force de se dire de petites