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ACTE QUATRIÈME
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Le Garçon de salle. — Pour chercher les gardes, mais comme ce n’était pas son intérêt, je suppose que c’est pour le contraire.

Le Président. — Dugrabois, on ne vous demande pas d’apprécier les faits. Racontez, simplement. Quand Emmanuel est entré, l’avez-vous vu entrer ?

Le Garçon de salle. — Monsieur, je l’ai vu sitôt entré, car il m’a demandé comme ça si les professeurs allaient bientôt décéder.

Le Président. — Décéder ? Commencement de l’injure.

Le Garçon de salle. Après quoi, clignant de l’œil, il a dit : « En avant la musique ! » Là-dessus, je suis sorti sur l’ordre de Monsieur le Président, et quand je suis rentré, je suis ressorti chercher les gardes. Mais sans gardes, je suis rentré une première fois, et c’est alors que Monsieur le Président m’a fait ressortir, si bien que quand je suis rentré, il n’y avait plus rien à voir.

Le Président. — Bon. En résumé injures et fuite précipitée… Je vous remercie. (À Emmanuel) Le prévenu a-t-il quelque chose à dire ?

Emmanuel, très doux, se levant. — Moi ?… Ah ! ça, au moins, c’est aimable !… Sur quoi, Monsieur ?

Le Président. — Sur la déposition.

Emmanuel. — Sur… Oh ! je… l’ai trouvée fort intéressante.

Le Président. — Est-elle exacte ?

Emmanuel. — Exacte ?… Ah ! aujourd’hui. Monsieur, je jouis d’un état d’âme heureux et un peu spécial… J’ai été séduit par le côté pittoresque.