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ACTE QUATRIÈME
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Le Docteur Sandoinet. — Voici pour l’observation. — Reste à faire remarquer qu’en cette affaire — et c’est le troisième et dernier point, important et merveilleux, — l’investigation médicale se rencontre avec les aspirations de la Société, ce qui prouve que ni la Science ni l’Humanité ne marchent au hasard, mais la main dans la main, s’éclairant l’une l’autre.

Emmanuel. — Bravo !

Le Docteur Sandoinet. — En effet, si le prévenu n’était pas un anormal de l’intelligence, autrement dit… un fou…

Le Président. — Vous allez jusque-là ? Il serait… ?

Le Docteur Sandoinet. — C’est l’expression, à l’usage du vulgaire, d’une définition scientifique.

Le Président. — Parfaitement.

Emmanuel. — Parfaitement.

(Le Docteur Denis ne parle plus, mais fait des signes désespérés.)

Le Docteur Sandoinet. — Supposons donc qu’il ne soit pas… ce que je dis, mais un anarchiste lucide : aussitôt, d’autres cerveaux brûlés s’exaltent sur son cas, surtout après une condamnation. Au contraire, du fait qu’il est anormal et irresponsable, il ne trouve aucun imitateur ; et voilà un diagnostic médical au mieux des intérêts publics. Conclusion : en aliéniste assermenté, défenseur de la Société, je demande au Tribunal un jugement de la plus large indulgence.

Le Président. — Docteur, le Tribunal vous remercie de votre savante et lumineuse étude.