Page:Benkendorff - Des cosaques et de leur utilité à la guerre, 1831.djvu/66

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régulière ne devrait au contraire pousser de cris qu’à dix pas de l’ennemi, et quand elle a la presque certitude du succès ; elle transgresse trop volontiers les bornes dans lesquelles la régularité de ses mouvemens exige qu’elle se reuferme. La cavalerie régulière russe est bien exercée à la charge, mais elle l’est très-rare- ment à se rallier après avoir été éparpillée en tirailleurs. C’est trés-bon sur un terrain de ma- nœuvre, où tout a été disposé d’avance pour reformer les lignes, où l’attention des officiers et des cavaliers est exclusivement dirigée vers : le même but. Mais, au feu, il en est tout autre- ment ; là, tout dépend de l’impulsion intérieure. Le brave se porte en avant, le poltron tâtonne d’abord, ou recule, et souvent ces deux hommes se trouvent l’un à côté de l’autre. Qu’on réflé- chisse au désordre que des impressions, qui agissent si diversement sur l’esprit de l’homme, peuvent exercer sur Jes masses. Dans les ma- nœuvres ordinaires, tout est calculé d’avance. Il n’en est pas ainsi devant l’ennemi.

Qu’on recherche autant que possible, pour une mission aux avant-postes, un officier sage et intelligent ; il n’est pas autrement important que ce soit un homme d’une bravoure extra- ordinaire, mais il l’est beaucoup plus qu il ait assez de jugement et de mesure pour ne jamais