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Page:Benoit L Atlantide.djvu/140

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souleva dans le monde savant un tolle général, un éclat de rire inepte. Des amis m’avertirent discrètement. Je me refusais à les croire. Force m’en fut, pourtant, le jour où, appelé chez mon recteur, celui-ci, après avoir manifesté pour mon état de santé un intérêt qui m’étonna, me demanda finalement s’il me déplairait de prendre un congé de deux ans, à demi-traitement. Je refusai avec indignation. Le recteur n’insista pas, mais, quinze jours après, un arrêté ministériel, sans autre forme de procès, me nommait dans un des lycées de France les plus infimes, les plus reculés, à Mont-de-Marsan.

« Comprenez bien que j’étais ulcéré, et vous excuserez les déportements où je me livrai dans ce département excentrique. Et que faire, dans les Landes, si on ne mange ni ne boit ? Je fis, ardemment, l’un et l’autre. Mon traitement fila en foies gras, en bécasses, en vins de sable. Le résultat fut assez prompt : en moins d’un an, mes articulations se mirent à craquer comme les moyeux trop huilés d’une bicyclette qui a fourni une longue course sur une piste poussiéreuse. Une bonne crise de goutte me cloua sur mon lit. Heureusement, dans ce pays béni, le remède est à côté du mal. Je partis donc, aux vacances, pour Dax, en vue de faire fondre ces douloureux petits cristaux.

« Je louai une chambre au bord de l’Adour, sur la promenade des Baignots. Une brave femme venait faire mon ménage. Elle faisait également