Page:Benoit L Atlantide.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

limiden accourus pour massacrer les Français de la canonnière.

« Maintenant, les Touareg nous pressaient, nous pressaient, car ils avaient peur d’être poursuivis. Nous allâmes ainsi environ dix jours et, à mesure que disparaissaient le mil et le chanvre, la marche devenait plus affreuse. Enfin, près d’Isakeryen, dans le pays de kidal, les Touareg nous vendirent à une caravane de Maures Trurza qui allaient de Mabrouk à Rhât. D’abord, parce qu’on marchait moins vite, je crus que c’était le bonheur. Mais, soudain, le désert se fit de durs cailloux et les femmes commencèrent à tomber. Les hommes, il y avait longtemps que le dernier était mort sous le bâton pour avoir refusé d’aller plus loin.

« J’avais la force de trotter encore, et même aussi en avant que possible, pour essayer de ne pas entendre le cri de mes petites amies ; quand une d’elles était tombée sur la route, et qu’il était visible qu’elle ne se relèverait pas, un des gardiens descendait de chameau et la traînait un peu sur le côté de la caravane pour l’égorger. Mais, un jour, j’entendis un cri qui me força à me retourner. C’était ma mère. Elle était agenouillée et me tendait ses pauvres bras. En un instant, je fus près d’elle. Mais un grand Maure, vêtu tout de blanc, nous sépara. Il avait, pendu au cou par un chapelet noir, une gaine de maroquin rouge d’où il retira son coutelas. Je vois encore la lame bleue sur la peau brune. Un autre cri, horrible. L’instant d’après, chassée à coups de matraque, je