Page:Benoit L Atlantide.djvu/288

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tence, la pitié prendre le pas sur le devoir. Cegheïr-ben-Cheïkh use de cette autorisation en faveur de celui qui lui a sauvé la vie.

— Et, — dis-je, — tu ne crains pas, si je reviens parmi les Français, que je parle, que je dévoile le secret d’Antinéa ?

Il secoua la tête.

— Je ne le crains pas, — fit-il ; et sa voix était ironique. — Tu n’as pas intérêt, sidi lieutenant à ce que les gens de chez toi sachent comment est mort le sidi capitaine.

Je frémis à cette réponse si logique.

— Je fais peut-être une faute, — ajouta le Targui, — en ne tuant pas la petite… Mais elle t’aime. Elle ne dira rien. Allez le jour va bientôt naître.

J’essayais de serrer les mains de ce bizarre sauveur, mais il recula de nouveau.

— Ne me remercie pas, ce que je fais, c’est pour moi, pour m’acquérir du mérite auprès de Dieu. Sache bien que je ne le referai jamais plus, ni pour un autre, ni pour toi.

Et comme j’avais un geste pour le rassurer à cet égard.

— Ne proteste pas, — dit-il sur un ton dont la raillerie résonne encore à mes oreilles. — Ne proteste pas. Ce que je fais est utile pour moi, pas pour toi.

Je le regardai sans comprendre.

— Pas pour toi, sidi lieutenant, pas pour toi, — fit-il de sa voix grave, — car tu reviendras,