Page:Benoit L Atlantide.djvu/43

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désarmé. J’en eus la preuve le lendemain, et la façon dont il me manifesta son humeur fut même marquée au coin du plus mauvais goût.

Je venais à peine de me lever qu’il pénétra dans ma chambre.

— Peux-tu m’expliquer ce que cela signifie ? — demanda-t-il.

Il avait en main un des registres administratifs. Dans ses crises de nervosité, il se mettait à les éplucher, avec l’espoir d’y trouver prétexte à se montrer militairement insupportable.

Cette fois, le hasard l’avait servi à souhait.

Il ouvrit le registre. Je rougis violemment en y apercevant l’épreuve à peine virée d’une photographie que je connaissais bien.

— Qu’est-ce que cela ? — répéta-t-il dédaigneusement.

Trop souvent, je l’avais surpris en train d’examiner dans ma chambre, sans aucune bienveillance, le portrait de Mlle de C… pour n’être pas, en cette minute, fixé sur la mauvaise foi qu’il mettait à me chercher querelle.

Je me contins, toutefois, et serrai dans un tiroir la pauvre petite épreuve.

Mais mon calme ne faisait pas son compte.

— Dorénavant, — dit-il, — veille, je t’en prie, à ne pas laisser traîner tes souvenirs galants dans les papiers administratifs.

Il ajouta avec le plus insultant des sourires :

— Il ne faut pas fournir de sujets d’excitation à Gourrut.