Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/269

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d’attention que pour ces étranges emblèmes, tendant les yeux dans les ténèbres, tâchant à distinguer les formes confuses, et devinant à demi, mais craignant de deviner.

Tout à coup, des lampes cachées dans les murs des maisons, la lumière jaillit, cette forte et douce lumière engendrée par la grande machine souterraine, et que, jusqu’alors, dans la passion de ce jour, tout le monde avait oubliée. En un clin d’œil, tout se changea, d’une troupe de fantômes et de formes vagues, en une impitoyable réalité de vie et de mort.

Devant Mabel, passait un grand brancard supportant une figure humaine, dont un bras pendait, avec les mains traversées comme de clous. Puis venait le corps un d’un enfant, empalé sur une pique de fer, la tête tombant sur la poitrine, les bras dansant à chaque pas des porteurs. Et puis, c’était la figure d’un prêtre, encore vêtu d’une soutane noire avec une aube blanche ; et sa tête, sous une calotte noire, s’agitait, sautait avec la corde qui la soutenait.

II

Ce soir-là, Olivier rentra chez lui une heure avant minuit.

Ce qu’il avait vu et entendu, dans la journée, était encore trop vivace et trop proche pour qu’il pût le juger avec sang-froid. De ses fenê-