Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/348

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semaine précédente ; on y distinguait des nuances roses, qui s’étendaient sur la voûte entière, aussi loin qu’Olivier pouvait voir, du levant au couchant. Il songeait machinalement à ce qu’il avait lu, l’autre jour, dans les journaux, sur d’étranges modifications survenues dans l’atmosphère, en certaines régions de l’Asie. La veille, il y avait eu de terribles tremblements de terre en Amérique ; et, le matin même, une sorte de cyclone prodigieux avait détruit plusieurs villes des pays scandinaves. Il se demandait si quelques rapports singuliers n’existaient pas entre cet aspect inaccoutumé du ciel et… Mais tout à coup sa pensée revint à Mabel.

Cinq minutes après, il eut enfin le soulagement infini d’entendre son pas léger, dans l’escalier ; et il se leva pour aller au-devant d’elle.

Quelque chose, sur le visage de la jeune femme, lui révéla qu’elle savait tout. Elle se tenait, au reste, toute droite, avec une raideur inaccoutumée, et ses traits étaient plus pâles que jamais. On n’y lisait aucune colère, cependant, ni rien d’autre qu’un désespoir immense et une résolution immuable. Ses lèvres montraient une ligne toute droite, et ses yeux, sous son large chapeau blanc, semblaient étrangement contractés. Et elle restait là, ayant refermé la porte derrière elle, sans faire aucun mouvement vers son mari.

— Est-ce vrai ? demanda-t-elle.

Olivier prit une longue aspiration, et se rassit.

— De quoi veux-tu parler, ma chérie ?