Page:Benson - Le Maître de la terre.djvu/378

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III

Mabel attendit que la porte se fût refermée, et que la garde en eût enlevé la clef : après quoi, une fois de plus, elle revint à la fenêtre, et en saisit convulsivement la barre d’appui.

De l’endroit où elle se tenait, elle apercevait, d’abord, la petite cour, au-dessous, avec ses quelques arbres, vivement éclairés par l’éblouissante lumière électrique qui jaillissait maintenant de la chambre ; et, en second lieu, par-dessus les toits, une immense et terrible étendue de noir, à peine teintée de roux. Et le contraste de ces deux spectacles avait quelque chose d’effrayant : c’était comme si la terre fût encore capable de lumière, alors que, déjà, le ciel se serait éteint.

Mabel eut aussi la sensation d’un silence et d’un calme extraordinaires. La maison, habituellement, était assez tranquille, à cette heure matinale, ses hôtes n’ayant guère l’humeur à faire beaucoup de bruit ni de mouvement ; mais, ce matin-là, c’était plus que de la tranquillité ; c’était un silence de mort, un de ces moments d’arrêt général qui précèdent l’éclat soudain des tempêtes du ciel. Et voici que les instants passaient, sans que se produisît un éclat de ce genre ! Une seconde fois, seulement, Mabel en tendit retentir un roulement solennel, comme si un énorme wagon avait traversé une rue loin-