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SCIENCE DE LA MORALE. 103


ne serait ni la meilleure ni la plus sage, parce qu’il lui arrivera quelquefois de découvrir que le bien le plus proche serait surpassé par un mal plus éloigné, mais qui s’y rattache ; ou que, pour un moindre plaisir abandonné maintenant, il obtiendrait dans l’avenir un plaisir plus grand.

Parce qu’il pourrait arriver que l’acte qui nous promet un plaisir actuel fut préjudiciable à ceux qui font partie de la société à laquelle nous appartenons ; et ceux-ci, ayant éprouvé un dommage de notre part, se trouveraient portés par le sentiment seul de la conservation personnelle, à chercher les moyens de se venger de nous, en nous infligeant une somme de peine égale ou supérieure à la somme de plaisir que nous aurions goûtée.

En outre, l’acte en question pourrait produire du déplaisir dans la société générale, et il est possible que la perte de la bonne opinion de nos semblables, résultant de l’acte proposé, dépasse en valeur le plaisir produit.

Mais, peut-on dire encore, le bien-être d’un homme ne doit pas être l’objet de ses efforts. Ce prétendu devoir, comme beaucoup d’autres, ne sert qu’a couvrir une assertion despotique et sans base, et qui ne prouve qu’une chose, c’est que l’objecteur pense que le bien-être d’un