Page:Bentzon - Le Roman d’un muet, 1868.djvu/39

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tervalles, mais son passage marqua comme un événement dans mon existence monotone. Pour la première fois, j’eus quelque chose de nouveau à conter, en réponse au journal que Gérard m’envoyait de ses faits et gestes. — Ce journal avait été si longtemps mon unique distraction ! Il constatait, il faut bien l’avouer, les plus grandes extravagances, car notre enfant gâté, à Paris, la bride sur le cou, prenait volontiers des habitudes de dissipation. Défendu par sa légèreté même contre les entraînements romanesques, il cédait plus facilement aux caprices qui ne durent qu’une heure et se soldent par les mains d’un banquier. Mon père ne haïssait rien tant que faire de la morale ; il lui semblait plus simple d’être le camarade de son fils. Et moi, au lieu de blâmer, je me disais :