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HISTOIRE D’UNE JEUNE CRÉOLE.

« Voilà, reprit l’oncle de Maxime, ce que j’appelle dépasser les limites raisonnables. La Falaise ne dédaigne pas de piter ses favoris lui-même, il descend avec eux dans l’arène, il les assiste, il a fait une science de ce qui n’était qu’un passe-temps. Je n’y avais pas pour ma part trouvé grand inconvénient jusqu’ici… cependant… »

M. Desroseaux réfléchit une seconde, puis se tournant vers Yette avec la bonne grâce créole :

« Ma petite amie, lui dit-il, seriez-vous vraiment bien contente si désormais Jobinette se reposait sur ses lauriers, s’il n’allait plus jamais au pit ?

— Oh ! monsieur ! monsieur ! vous me le donnez ? s’écria Yette en bondissant. Vous me faites cadeau de ce pauvre coq, dites ?…

— Eh ! qu’en ferez-vous si je vous le donne ?

— Je tâcherai de le rendre heureux.

— Mais, fit observer Max, qui paraissait plongé dans une méditation profonde, tu ne pourras pas l’emporter en France ?

— C’est vrai, je pars après-demain, dit Yette avec un profond soupir. Je l’avais oublié ! Jobinette continuera donc à donner et à recevoir des gorges coupées.

— Non, non, dit Max avec vivacité. Tenez,