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pée, — la barque du roi. Ils y placèrent, près du mât, leur souverain. La barque était remplie d’objets précieux et de trésors venant de lointains pays. Jamais, à ma connaissance, esquif ne reçut une plus belle parure d’armes et d’habits de guerre : cette masse de trésors devait partir avec lui sur les flots. Il ne furent pas moins prodigues de dons envers lui que ne l’avaient été ceux qui l’avaient livré seul, après sa naissance, au caprice des vagues. — Ils firent flotter une bannière d’or au-dessus de sa tête, puis l’abandonnèrent à la mer7. L’esprit tout rempli de tristesse ils n’auraient pu dire en vérité qui recevait la charge du navire.

II.

Beowulf, prince des Scyldingas, jouit longtemps d’une grande renommée parmi les peuples après que son père eût quitté ce monde. De lui naquit le puissant Healfdene qui gouverna heureusement, tant qu’il vécut, les Scyldingas. Celui-ci, à son tour, eut quatre enfants : Heorogar, Hrothgar, Halga-til et1 Elan qui, d’après ce que j’ai entendu rapporter, fut l’épouse d’Ongentheow2 le Heathoscylfing. Hrothgar devint puissant dans les combats : aussi ses parents lui obéirent et la foule de ses serviteurs d’armes s’accrût. Il lui vint à la pensée de faire construire une salle3 plus grande que toutes celles qu’on avait vues jusque-là4, et d’y partager entre jeunes et vieux tout ce que Dieu lui avait donné, à l’exception toutefois des terres publiques et de la vie des personnes. Grand nombre de tribus, dit-on, furent mises à l’œuvre pour construire et parer cette salle ; elle fut achevée pour le temps fixé et Hrothgar lui donna le nom de Heort. Il ne manqua pas à ses engagements et partagea trésors et bracelets5 pendant le festin6. La salle s’élevait enfin haute et spacieuse7 ; elle était réservée pour la flamme hostile8.

Le temps n’était pas loin encore où Hrothgar avait fait jurer fidélité à ses ennemis après les combats9, quand