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régner. Mais ils ne blâmaient pas Hrothgar, car c’était un excellent roi. Parfois les guerriers faisaient courir des chevaux sur les routes qui leur semblaient propres à cet exercice ; parfois un serviteur du roi, homme chargé de gloire et qui se rappelait de beaucoup d’anciennes sagas, trouvaient des paroles bien liées1. Il commença à faire le récit des prouesses de Beowulf et à dire de sages sentences avec talent. Il raconta toutes les choses qu’il avait entendu dire touchant les hauts faits de Sigemund2 ; ces histoires étaient entièrement inconnues aux hommes. Fitela, neveu de Sigemund (le seul qui en eût le secret avec lui) les connaissait d’après les récits que lui en faisait son oncle, — car ils étaient toujours ensemble dans les combats et ils avaient tué avec leurs épées nombre de géants. Le nom de Sigemund devint illustre après la mort de ce preux, parce qu’il avait tué un dragon gardien d’un trésor ; il avait été seul l’affronter sous son rocher, car Fitela, cette fois, n’était pas avec lui. Il avait pu néanmoins percer cet étrange dragon : le monstre avait perdu la vie. En peu de temps Sigemund s’était rendu maître du trésor et il put après cela en faire tel usage qu’il voulut. Il chargea un navire d’objets précieux. Le fils de Wæls fut le plus illustre d’entre les héros et la gloire récompensa sa vaillance3.

Heremod fut livré, après le combat, au pouvoir des Eotes, ses ennemis ; les soucis le tourmentèrent longtemps. Il avait causé la plus grande affliction à tous ses nobles et ceux-là souvent regrettaient les temps anciens qui avaient espéré trouver en lui un remède à leurs maux et avaient aspiré au moment où il succéderait à son père sur le trône des Scyldingas. Beowulf fut plus aimé des hommes que lui4.

D’autres fois les guerriers engageaient des courses par enjeu. — Alors le soleil recommença sa course. Nombre d’hommes se rendirent à la salle afin de voir la merveille. Le roi lui-même sortit de la chambre conjugale et se ren-