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TRADUCTION.




LIVRE I.


1. Les cris des éléphants mâles, aux joues souillées de Mada[1], retentissent aux extrémités du monde, où ils se sont enfuis à son approche ; les femelles ne sont pour lui que des objets de pitié ; les autres animaux lui sont trop intérieurs ; contre quel être en ce monde ce lion déploiera-t-il maintenant l’adresse de ses ongles acérés ?

2. Après une vie passée dans le lac Mânasa, au sein des flots parfumés par le pollen qui tombe des lotus épanouis, comment, dis-moi, le chef du troupeau des flammants pourrait-il vivre aujourd’hui dans l’eau d’une mare où pullulent les grenouilles ?

3. Alors que la troupe des Tchakoras[2] femelles contemple l’Orient, en roulant les yeux de désir, quand les lotus de nuit s’épanouissent[3], que l’amour agite son arc, et que l’orgueil des beautés cruelles est près de céder, en un tel moment convient-il, ô Créateur ! que le nuage déploie tout cet appareil contre la lune ?

4. Ô lotus épanoui ! qu’en savourant une goutte des sucs que tu distilles, les abeilles fassent entendre un doux murmure, il n’y a rien là que de naturel ; mais quel autre ami c’est pour toi

  1. Liqueur qui coule des tempes de l’éléphant à l’époque du rut. Il est alors plus terrible.
  2. Oiseau qui, selon les poètes, se nourrit des rayons de la lune.
  3. Littéralement : « rompent le silence » (en s’ouvrant comme des lèvres).