Page:Berger - Les Femmes poetes de la Belgique.djvu/58

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reste de ses écrits, rester simple et sincère malgré les entraves que sa vie errante et dépendante mettait à son inspiration.

Marguerite d’Autriche sut, comme lui, résister au courant de ce snobisme avant la lettre qui sacrifiait la personnalité, la spontanéité aux conventions de la mode.

Elle avait souffert ; elle exprima ses peines sans emphase inutile, mais aussi sans fausse pudeur. Et elle toucha parce qu’elle fut vraie. Malgré ses nombreux sujets de mélancolie ou ses préoccupations, elle voulait autour d’elle de la grâce, de la gaîté. Ses familiers prolongeaient le règne des cours d’amour du moyen âge. Elle initiait ses demoiselles d’honneur, en particulier Mlles de Verre, de Planci, de Baude et Huclam, à l’art des vers.

Jean Lemaire lui dédia une partie de ses Illustrations de Gaule, ainsi que la Couronne Margaritique, sorte de guirlande à Julie d’un seul auteur, mièvre, mais de tour ingénieux.

Parmi les œuvres qui nous restent de Marguerite d’Autriche, il faut citer sa Correspondance, curieuse par la révélation qu’elle nous donne du caractère de cette femme, aussi spontanée et naïve dans ses lettres privées que résolue ; réfléchie et habile lorsqu’il s’agit des affaires du gouvernement.

Nous y trouvons aussi des documents sur l’état d’esprit, les événements, les mœurs et les coutumes de l’époque.

Les discours sur sa vie et ses infortunes peuvent