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moins dans cette Chanson : La Blessure[1], écrite et mise en musique par elle :

« C’est dans mon cœur que je porte ma blessure. C’est une violente passion pour toi qui me l’a transpercé (6 combien cruellement !… — Et qui le rend de plus en plus inguérissable. — Où que j’aille et quoique je fasse, une même inquiétude me tourmente. — Où que j’aille et quoique je fasse, — c’est toi, toi seul qui gouvernes ma pensée. »

Malgré son énergique volonté et ses capacités indéniables, Marguerite d’Autriche ne semble pas avoir été une ambitieuse. Elle sut rester très femme jusque dans ses agissements politiques. Elle apparaît dans ses œuvres, et elle est, en réalité, une meurtrie de la vie qui chercha un dérivatif à ses peines dans les rêves supérieurs : le travail, l’art, le bien.

Son rôle fut utile et noble, mais il resta pour elle un rôle, dans l’acception exacte du mot. La fin de sa vie, assez prématurée, puisque Marguerite avait tout juste 50 ans lorsqu’elle mourut, donne raison à cette plainte de sa lyre :

Deuil et enuy me persécutent tant
Que mon esprit à comporter s’estent
Tous les regrets qu’on ne sçaroit penser.

Elle songeait à se retirer dans un couvent quand une maladie indéterminée, une sorte d’empoison-

  1. Ce poème fait partie du petit recueil de Chansons populaires flamandes du XIIIe au XXe siècle, déjà cité. Je transcris ici, telle qu’elle est donnée dans le livre, cette chanson traduite du flamand en français moderne.