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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/248

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XI

MA FUGUE


Quelques jours après les élections du 26 mars, qui donnaient à Paris un gouvernement municipal à la fois et insurrectionnel, je reçus une étrange visite. Elle était domiciliaire. C’était le matin et je flânais au lit, d’où des coups de crosses sur ma porte me firent sauter précipitamment. Six fédérés, dûment armés et d’apparence assez rébarbative, étaient chargés de chercher et de découvrir les armes que je cachais chez moi.

Ils m’avouèrent qu’ils m’étaient dépêchés par le procureur de la Commune, le citoyen Raoul Rigault, et qu’ils avaient mandat de m’inviter à passer à son cabinet. Raoul Rigault, mon admirateur de Père et Mari, le libelliste brochurier qui prenait la vie à la blague, riait de tout et se moquait du reste, jouait les Fouquier-Tinville de cette parodie de la Terreur ? Était-ce bien possible ? Et d’abord j’éclatai de rire. Qu’est-ce qu’il me voulait ?