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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/347

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VIII

À TABLE


Il y avait dans la salle à manger de Neuilly, cinq toiles, dont trois de Jadin, le peintre de chiens, à qui le Larousse reproche si drôlement de ne pas avoir eu d’opinion politique ! C’était trois têtes de lévriers qui présidaient ainsi aux repas du poète.

Théophile Gautier aimait les chiens, mais il les craignait, à cause de la rage, dont Pasteur n’avait pas encore trouvé le remède. Il s’en confesse nettement du reste dans Ménagerie Intime, l’un de ses livres les plus délicieux et qui est le roman de ses bêtes. Ensuite leurs yeux l’inquiétaient. « Ils ont des regards si profonds, si intenses, ils se posent devant vous avec un air si interrogateur, qu’ils vous embarrassent. Gœthe n’aimait pas ce regard qui semble vouloir s’assimiler l’âme de l’homme et il chassait l’animal en lui disant : « Tu as beau faire, tu n’avaleras pas ma monade ! »