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die Le Tricorne enchanté, devant le Tout-Paris artiste de 1863. Le décor avait été brossé par Puvis de Chavannes, et les acteurs s’étaient taillé, cousu et brodé de leurs propres mains les costumes de leurs personnages. Voici quelle avait été la distribution de la pièce :

Géronte Théophile Gautier.
Valère (en travesti) Mme Ernesta Grisi.
Frontin Théophile Gautier fils.
Marinette Mlle Judith Gautier.
Inez Mlle Estelle Gautier.
Champagne Rodolpho.

Je ne sais pas si mon confrère, M. Jules Claretie, maître aujourd’hui de la destinée des œuvres dramatiques des poètes, assista à la représentation. Il n’avait d’ailleurs que vingt-trois ans à cette époque et je crois bien qu’il débutait à peine. Toujours est-il que, lorsqu’il fut parvenu au pouvoir, je le décidai aisément à remettre à la scène ce délicieux Tricorne enchanté, l’un des monuments du vers comique français. Il n’y est plus, et nombre de gens s’en étonnent, même à l’Académie, entre poètes, quand on en cause.

À la vérité, mon pauvre Cadet, qui avait pris, à la Comédie, le rôle de Frontin, n’y répondit guère à nos espérances. Il ne se consola pas d’y être effacé par le souvenir de Porel, qui y avait été excellent, à l’Odéon, en 1872. Il lâcha la pièce, qui glissa ainsi du répertoire. Habent sua fata libelli.

Ces erreurs de distribution sont fatales aux ouvrages. Sait-on que dans sa nouveauté, en 1845, aux Variétés, Le Tricorne enchanté fut créé par