Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

III

GUSTAVE FLAUBERT


Ainsi donc, il y a trente et un ans, plus de trente et un ans, qu’il dort, là-bas, sans se réveiller, dans sa terre normande, le bon géant aux yeux d’enfant ! Est-ce donc vrai, cela ? Hélas, je viens de vérifier : 8 mai 1880 — telle est la date de sa feuille de route.

Alors c’est en rêve, qu’en écrivant son nom, j’entends son pas bruire sur le gravier de mon jardinet de l’Enclos des Ternes et que dans mon oreille hallucinée vibre la voix du grand « gueuloir ».

— Ohé, là-haut, descends un peu de ta soupente. On a à vous parler, monsieur.

Miséricorde, mais c’est Flaubert ! Et je dégringole mon échelle de meunier. — Vous, chez moi, patron ! Qu’est-ce qu’il y a ?

— D’abord comment va Estelle ? C’est pour elle que je viens, bien entendu, et que je te fais l’honneur !… J’espère que tu ne la trompes pas avec des filles ? Tu aurais affaire à moi. Je l’ai vu naître. À présent où sont tes documents ?

— Quels documents ?