Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/181

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brait en pyramides de Chéops que piquaient déjà du trident deux jeunes garçons impatients des lenteurs de ma visite. L’un, Marcel, est aujourd’hui l’un de nos meilleurs portraitistes, l’autre, René, mène avec toutes les qualités ataviques de sa race, L’Illustration, parangon des périodiques à images.

De la « Galerie contemporaine » est née et issue toute cette série de publications d’art, Les Chefs-d’Œuvre d’Art, la Revue illustrée, les Catalogues illustrés qui ont révolutionné les arts de l’image et dont j’esseyai plus tard de canaliser le mouvement dans La Vie moderne.

Rue Saint-Georges, une cour carrée à galerie ouverte et couverte sur laquelle prennent jour plusieurs immeubles, dans le goût architectonique des cloîtres espagnols, des jardins d’hiver et des salons de verdure des restaurants chers.

Au centre la classique corbeille de plantes exotiques. Sous les arcades, des bustes graves sur des socles et des maquettes de plâtre décoratives. — À gauche, un large escalier, à rampe de bois ouvragé, aboutissant dès l’entresol à une antichambre tapissée de sous-verres, dessins, aquarelles, sanguines, sans le moindre huissier de porte pour annoncer le visiteur. On se croirait au Louvre ou au moulin. Seul, embastionné dans un comptoir sans guichet ni grillage, Charles Monselet — car c’est lui, son frère, ou bien quelqu’un des siens — s’adonne sous les lunettes miroitantes, au jeu commercial et serein des écritures. Cet équilibreur de Doit et d’Avoir plonge dans la paix des comptables. Je pourrais l’égorger et