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DEUX BEAUX PEINTRES



I

JEAN-JACQUES HENNER


J’ai connu un homme heureux. Inutile de vous dire que c’était un peintre. L’art de peindre est le seul dont l’exercice, ou, si voulez, le métier soit sans corvée, et qui fasse la journée sereine à ses travailleurs. Point de peintre morose, la palette au poing, dans son atelier, et moins encore en plein air, devant la nature, car là il chante à tue-tête, pour chanter, le ton et le son étant frères. Oh ! les paysagistes ! Si j’avais à recommencer ma vie…, mais laissons, il est trop tard.

L’homme heureux que j’ai connu c’était Jean-Jacques Henner, le Corrège d’Alsace et de France.

J’allais souvent le voir à son « studio » de la place Pigalle, dans cette drôle de maison toute en vitres