Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/286

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sées dans votre imagination que de vous préciser d’une manière absolue ce que j’ai voulu faire et exprimer. La répercussion de ces images est justement une de nos jouissances, et je me garderais bien de gâter le plaisir que vous me donnez. Mon frère, l’Égyptien, qui lisait hier des articles sur mon travail, me disait en arrivant au vôtre : « À la bonne heure ! voilà un monsieur qui sait son état, et qui y va de main de maître. » Je laisse là les autres. Voilà, mon cher critique, le meilleur compliment que je puisse vous faire. Je vous enverrai, demain ou ce soir, si je l’ai, le catalogue d’About, et je me promets d’y joindre de ma prose d’amateur. Si vous me dites comme Alceste : « Et qui diantre vous pousse à vous faire imprimer ? » je répondrai d’un grand mot qui vous désarmera, j’espère : l’Académie ! C’est son usage auquel je me suis soumis[1].

« Paul Baudry. »
« Mon Cher Bergerat,

« Il ne me semble pas possible de vous donner les noms des personnes qui ont bien voulu quelquefois me laisser prendre un croquis de leurs visages. Je craindrais fort de faire chavirer toutes les convenances, et on ne me prêterait plus rien. Tout ce monde-là, du reste, n’est pas de Paris, et ses habitudes indiscrètes n’ont pas cours partout. Et puis, le type portrait personnel est bien peu de chose dans une œuvre de peinture, lorsque les personnages ne

  1. Il s’agissait de l’éloge de Shnetz, prononcé par Baudry pour son discours de réception à l’Institut.