Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/296

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« De ce jour, dit M. About, le département voulut contribuer à son entretien. Sur la proposition du préfet, M. Gauja, le conseil général ajouta huit cents francs à la pension votée par la ville, et lorsque Paul Baudry eut obtenu le second prix, en 1848, le total des subventions consacrées à ses études s’élevait à dix-huit cents francs. »

C’est au concours de 1850 que Baudry remporta le Grand Prix de Rome : le sujet proposé était une Zénobie, et sa composition est encore montrée à l’École comme une perle de la collection. Sartoris ne s’était donc pas trompé. Je pense à la belle rasade qu’il but ce jour-là à la santé de son élève ! Aller à Rome, c’était pour Baudry rentrer dans sa véritable patrie. Il y partit en compagnie de ses camarades de promotion : Gumery, le statuaire ; Louvel, l’architecte, et d’autres encore, et il vécut quatre ans à la Villa Médicis. Quatre années d’or et de bonheur parfait, les meilleures de sa vie assurément, et qui lui apparaissent aujourd’hui comme un rêve enchanté. Ne vous y trompez pas, dans le regard profond de l’artiste habite la nostalgie bleue du ciel italien. Plusieurs fois, déjà, il est retourné à Rome, à Florence, à Venise, à Naples, et il y retournera sans doute encore, car il y a laissé quelque chose que Paris même ne peut lui rendre, sa jeunesse et ses vrais amis, les Corrège, les Michel-Ange, les Léonard et les Raphaël, famille intellectuelle pour laquelle son amour grandit tous les jours et dont son âme est irrassasiée.

Entre les divers envois que le lauréat fit de Rome, pendant son séjour de pensionnaire, il faut surtout signaler La Fortune et l’Enfant, qui est au musée du Luxembourg. Par quel secret artifice l’artiste a-t-il su