Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/306

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vraiment sa faute, puisque son nom désigne encore celle qui le chargea d’opprobre, et lui reste attaché dans les annales du vice en dépit d’un troisième mariage où cette fois tout le Gotha sombre.

De l’avarice de l’Imperia, les traits qu’on conte sont d’une usurière juive. Dans son domaine de Pontchartrain, — où le domestique chargé de la fonction unique d’ouvrir et de fermer les cent cinquante fenêtres du château commençait sa journée à six heures du matin et la terminait à minuit, — il en mourut du reste, — le parc était l’enfer dantesque de ses jardiniers. Ils étaient taxés à cinquante centimes par feuille morte trouvée dans les allées. Elle recueillait l’amende elle-même, en peignoir, dès l’aube. Vous voyez ce travail, l’automne !

Les gens d’esprit et d’affaires qui hantaient chez elle, résolurent de venger les pauvres diables et, comme ils en cherchaient le moyen, Adolphe Gaiffe le trouva. Il paria qu’il « l’aurait à l’œil ». C’était la quadrature du cercle, ni plus ni moins. Mais outre qu’il était beau comme Antinoüs, il avait la joie inventive des bons drilles gaulois et ne s’endormait pas sans avoir relu son conte de La Fontaine.

— Soit, je veux bien, lui dit-elle, et pour une fois, n’est-ce pas, quoique mes principes me l’interdisent. — Oh ! en ami ? souriait-il, en simple ami, sur le sopha de Crébillon. — Oui, vous êtes pauvre, je le sais, et l’on m’accuse d’être froide. — Marmoréenne seulement. — Eh bien ! voyons, venez avec douze billets de mille, est-ce trop, douze ? — C’est pour rien, merci.

Le lendemain il se présenta, et, jetant les douze papiers soleil sur le guéridon : — Vous me traitez en