Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/315

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Madame sortira tous les jours pour la santé de mes chevaux. — Soit, et la troisième ? — Voici, je conduirai Madame quand elle voudra, où elle voudra, mais Monsieur, ça, jamais, même avec elle !

Et il but l’affront, car elle voulait ce cocher de lord Pembroke et il l’aimait jusqu’à la lie, sa borgne ! Pendant six ans il n’est sorti qu’en fiacre.


III

Il l’aime encore de même, pas le moindre doute à cet égard. Il ne la lâche pas des yeux. Il fait ses gestes, et il l’appelle : Bébé, sans pudeur, devant nous, à alcôve grande ouverte. C’est ça qui est écru, Lustucru ! Bébé ! Elle ! Babébibobu, ous’ qu’est mon filet à papillons ?…


IV

En fait de salles à manger j’ai vu de moins mornes réfectoires. Elle est en chêne, comme bureau de notaire, encombrée de bibelots disparates, ferraille d’art, où nul goût de curiosité ne s’atteste. Le plafond est de Chaplin. Il ne s’y est pas flanqué un torticolis. Quelques culs nuds d’école y cupidonnent, boursouflés et d’un ton pleutre. Mais au-dessus de la cheminée rayonne sa « Jeune fille à la tourterelle », un vrai bijou de coloris, et la revanche sur le plafond est prise.

Il m’apprend que c’est sur ce tableau que Théophile Gautier l’a appelé : Courbet de la grâce. J’ai d’ailleurs débuté, nous dit-il, par des cochons