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V

PAUL ARÈNE


Malgré que nous eussions débuté ensemble et la même année, lui au second Théâtre-Français et moi au premier, je ne connus Paul Arène qu’après la guerre, mais, en dépit d’un caractère assez atrabilaire qu’il eut toujours, je lui suis resté fidèle jusqu’à sa mort, parce qu’il était un admirable artiste de lettres.

Je vais plus loin, je le tiens pour un classique de notre langue, et l’un des rares maîtres de la prose française à qui la durée est promise, si elle est promise à quelques écrivains de ce demi-siècle. Mais n’alourdissons pas ces souvenirs par de la critique littéraire. — Tu méritais d’être né dans l’Île-de-France, lui disais-je, et ce propos déchaînait ses colères. — Je suis de Sistéron, rien que de Sistéron, clamait-il, et n’en est pas qui veut ! Sistéron est une colonie grecque, pour ta gouverne. Sistéron, c’est Cithéron, le Montmartre de Thèbes, patrie de Pindare ! — Et il me tournait le dos avec mépris.