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SOUVENIRS D’UN ENFANT DE PARIS





LES COMPAGNONS D’ARMES



I

L’EMMÉNAGEMENT


Par un phénomène d’idiosyncrase, dont je ne me vante ni ne m’excuse, je n’ai jamais eu peur de Paris. Il est vrai que j’y suis né. On ne craint pas sa mère. Si j’avais à déterminer par une comparaison le sentiment que m’a toujours inspiré ma ville natale j’en prendrais l’image à la paix du marmot porté dans la bataille sur le dos de la cantinière et qui s’y amuse.

La crainte de Paris est un signe de provincialisme. Pourquoi y venez-vous vivre si vous n’avez pas les poumons de cette atmosphère ? Restez à Marseille ou à Lille, la fortune y passe comme ailleurs. Il faut ici le tempérament ethnique et le brouillard de la Seine est périlleux pour ceux qui ne sont pas pétris de la bonne boue lutécienne.