Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHEZ VICTOR HUGO



I

PREMIER DÎNER CHEZ VICTOR HUGO


C’est à cette époque que je fus invité par Victor Hugo à dîner pour la première fois à sa table.

Les personnes bienveillantes qui m’ont fait l’honneur de lire le premier volume de ces Souvenirs savent ce que c’était que Victor Hugo pour les intellectuels de ma génération, c’est-à-dire l’alpha et l’oméga de l’art littéraire, l’incarnation du verbe, l’homme surnaturel auprès duquel les géants de l’idée et de la forme sont des nains de Lilliput. Leconte de Lisle l’appelait : le monstre. Théodore de Banville voyait tout simplement en lui Zeus l’Olympien en villégiature sur la terre. Quant à Théophile Gautier, au nom seul du maître formidable, il était comme pris de la terreur sacrée qui secouait