Page:Bergson - Le Rire.djvu/30

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des cas élémentaires, théoriques, parfaits, où le comique est pur de tout mélange. Mais nous voulons surtout en faire le leitmotiv qui accompagnera toutes nos explications. Il y faudra penser toujours, sans néanmoins s’y appesantir trop, — un peu comme le bon escrimeur doit penser aux mouvements discontinus de la leçon tandis que son corps s’abandonne à la continuité de l’assaut. Maintenant, C’est la continuité même des formes comiques que nous allons tâcher de rétablir, ressaisissant le fil qui va des pitreries du clown aux jeux les plus raffinés de la comédie, suivant ce fil dans des détours souvent imprévus, stationnant de loin en loin pour regarder autour de nous, remontant enfin, si c’est possible, au point où le fil est suspendu et d’où nous apparaîtra peut-être — puisque le comique se balance entre la vie et l’art — le rapport général de l’art à la vie.

III

Commençons par le plus simple. Qu’est-ce qu’une physionomie comique ? D’où vient une