Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/109

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et écrivez-moi tout de suite à Florence, poste restante ; je pars le 1er mai de Rome.

Vous quittez donc Paris ! Mendelssohn aussi ! Quand j’arriverai, je n’y trouverai personne ; je m’étais accoutumé à l’idée de cette réunion ; j’y retomberai dans une solitude musicale que mes autres amis ne pourront combler ! Quand je dis mes autres, je devrais dire mon autre ; car, excepté le bon Gounet, il n’y a rien. Cela me fait mal dans le cœur ; notre fleur s’effeuille, je suis disposé plus que jamais aux affections tristes, et j’ai la bêtise d’en pleurer. Où voulez-vous que je vous retrouve !… je n’entrerai en Allemagne qu’en 1833. Je ne peux pas me mettre à votre poursuite, car ce serait une raison pour ne pas vous atteindre. Et puisque votre plume est si lourde pour vous, je ne dois guère compter sur des nouvelles de vos voyages. Eh bien, allez, ce n’est qu’une continuation de la même charge ; voyons comment nous la supporterons !

Je remercie Mendelssohn de son souvenir et de ses quelques lignes ; les sentiments que je voudrais lui exprimer sont trop tumultueusement confus en moi aujourd’hui pour que je l’essaie. Je reviens encore des montagnes où j’ai passé dix jours de vagabondage dans la neige et la glace, mon fusil à la main. Sans ma damnée gorge, j’y serais déjà retourné. J’en ai rapporté entre autres choses une petite orientale de Hugo[1], pour une voix et piano. Ce petit morceau a un succès incroyable ; on en prend des copies partout, chez M. Horace, chez madame Fould, chez l’ambassadeur, chez des Français de leur connaissance, etc. ;

  1. La romance de la Captive.