Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/141

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les orgues ; j’ai vu les moments où l’on intenterait un procès pour un jeu de flûtes ; on a failli se battre pour une vis de pression.

Je ne concevais pas trop tout ce remue-ménage ; car, enfin, il nous arrive tous les jours, à nous autres artistes, d’essuyer des critiques pour le moins aussi injustes et aussi ridicules qu’aucune de celles que les fabricants d’instruments peuvent avoir à subir, et nous laissons aboyer sans mot dire. Nous ne manquons pourtant pas d’amour-propre, notre sensibilité n’est pas éteinte, tant s’en faut, et nous pourrions nous en défendre et nous ne le faisons pas.

D’autre part, quand, par extraordinaire, un critique se montre bienveillant, nous le remercions bien dans l’occasion ; mais nous ne courons pas chez lui pour cela, et trop souvent même nous poussons l’impolitesse jusqu’à oublier de lui envoyer une carte. Loin de là, les exposants loués ont été d’une reconnaissance exemplaire ; visites, lettres et présents, ils n’ont rien négligé pour l’exprimer. Ceux, au contraire, dont on a peu ou mal parlé ne concevaient pas qu’il leur fût défendu de courir sus au critique et de le tuer au coin d’une borne comme un chien enragé. Chacun peut dire ce qu’il pense et même ce qu’il ne pense pas sur les plus grands artistes, sur les œuvres les plus magnifiques comme sur les médiocrités les mieux reconnues sans qu’on y fasse attention ; mais ne pas sentir le prix d’une nouvelle cheville de contre-basse, ou louer le chevalet d’un alto, ce sont là des événements dont le retentissement est immense et prodigieusement prolongé…

…On vient de trouver le moyen de gagner de l’argent en ne