Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/145

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bémol ; et véritablement, en pareil cas, il n’y a pas d’indifférence qui tienne, c’est terrible…

M. Wilhem a donné, le mois passé, deux séances publiques ; ses cinq cents élèves chanteurs ont été fort applaudis ; je n’ai pas trouvé leur exécution en voie de progrès. Tous ces jeunes hommes et ces enfants ont un sentiment rhythmique d’un vulgarisme désespérant. Ils martellent chaque temps de la mesure ; ils convertissent tout, plus ou moins, en mouvement de marche. Certainement ce résultat est très-beau, si l’on compare l’ancienne ignorance des classes populaires à ce qu’elles savent aujourd’hui ; mais savoir n’est pas tout en musique, il faut sentir aussi, et je crois que le peuple parisien aime trop le vaudeville et les tambours.

On répète depuis deux mois et demi l’opéra de Ruolz[1] ; en conséquence les acteurs n’en savent pas une note ; mais les costumes sont prêts et Duponchel veut le jouer vendredi prochain. Chopin ne revient pas ; on le disait fort malade, il n’en est rien. Dumas a fait une pièce ravissante[2] ; mais ceci n’est pas de mon domaine. J’ai fini, je ne sais plus rien.

Adieu ; mon indifférence ne va pas jusqu’à prendre mon parti de ta longue absence. Reviens donc ; il en est temps pour nous, et pour toi, je l’espère.

  1. La Vendetta, opéra en trois actes, qui n’eut qu’un petit nombre de représentations.
  2. Mademoiselle de Belle-Isle.