Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/230

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soir où il a fait mettre le feu aux quatre coins de Rome,… preuve brillante qu’un homme médiocre peut quelquefois avoir une grande idée.

Hier, on a rouvert l’Opéra. Madame Stoltz a fait sa réapparition dans le rôle de la Favorite. En la voyant entrer en scène, je l’ai prise en effet pour une apparition. Sa voix aussi a subi du temps l’irréparable outrage. La nouvelle administration de l’Opéra avait fait un coup d’État et retiré leurs entrées à tous les journalistes ; cette pauvre Stoltz va avoir fait une rentrée inutile. Il y a eu conseil, au foyer, de toutes les plumes (d’oie) puissantes, et nous avons décidé, à l’unanimité, qu’il fallait déclarer à l’Opéra la guerre du silence. En conséquence, on ne dira pas un mot de sa réouverture ni du début de madame Stoltz, jusqu’à ce que la direction revienne à de meilleurs sentiments.

Je travaille à un long feuilleton de silence qui paraîtra la semaine prochaine et qui m’ennuie fort. Adieu, je me suis un peu délassé à vous écrire.


LXX.

À LOUIS BERLIOZ.


Paris, 26 octobre 1854.

J’étais tout triste ce matin, mon cher Louis. J’ai rêvé cette nuit que nous étions ensemble à la Côte et que nous nous promenions tous les deux dans le petit jardin. Ne sachant où tu es, ce songe m’avait péniblement affecté. Ta