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LXXXIII.

À M. L’ABBÉ GIROD[1].


Paris, 16 décembre 1856

Monsieur,

J’ai reçu le livre que vous avez bien voulu m’envoyer et je l’ai lu avec le plus vif intérêt. Si la question pouvait être rendue plus claire qu’elle ne l’est, elle l’eût été par vous. Il n’est pas possible de la concevoir mieux exposée, ni mieux débattue ; mais c’est, je l’avoue, une espèce de chagrin pour moi, de voir des hommes de cœur et d’intelligence tels que vous, monsieur, employer leur temps et leurs forces à combattre de semblables moulins à vent. Les seuls points sur lesquels j’ai le regret de me trouver en dissidence avec vous, sont ceux qui ont trait à la fugue classique sur Amen ! et au jeu de mutation des orgues.

Sans doute, on pourrait écrire une belle fugue d’un caractère religieux pour exprimer le souhait pieux : Amen ! Mais elle devrait être lente, pleine de componction et fort courte ; car, si bien qu’on exprime le sens d’un mot, ce mot ne saurait être, sans ridicule, répété un grand nombre de fois. Au lieu de cette réserve et de cette tendance expressive, les fugues sur le mot amen sont toutes rapides,

  1. Auteur des ouvrages : De la musique religieuse et de la connaissance pratique des grandes orgues (au collège de la Paix, à Namur).