Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/265

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le camp ! l’Opéra-Comique n’est pas un lieu public. » Nous avons un haut fonctionnaire qui ne va pas mal non plus de son côté ; il répond à un homme de lettres qui était allé le remercier de la part de nos associations pour une faveur que ce grand homme leur avait accordée : « Je me f… de la reconnaissance des artistes ! je n’ai pas fait cela pour eux. Les arts m’embêtent. » Vous voyez que les idées poétiques ont à se manifester dans un joli petit monde… L’empereur et l’impératrice sont allés voir le Cheval de bronze, il y a trois jours. Ils sont sortis très mécontents, dit-on. Je voudrais que vous entendissiez la musique qu’on fait à la cour de temps en temps… D’un autre côté, voilà ce pauvre roi de Prusse qui perd la tête ; je ne sais si son frère aura autant que lui le sentiment des arts. Les petites cours allemandes, où l’on aime la musique, ne sont pas riches, et la Russie (comme l’Angleterre) est tout acquise aux Italiens.

Reste la reine Pomaré ; mais Taïti est bien loin. Encore assure-t-on que la gracieuse Aimata-Pomaré préfère à tout les jeux de cartes, les cigares et l’eau-de-vie. Le Brésil est à Verdi. Si nous allions en Chine !…


XCI.

À M. HANS DE BULOW.


Paris, 20 janvier 1858.

Je vous remercie de votre charmante lettre, charmante par son style, par la cordialité qui l’a dictée, par les bonnes